Angélique, ni pute ni soumise

CINÉMA – J’ai pu assister en avant-première à la nouvelle version d’Angélique marquise des Anges, d’après le roman d’Anne et Serge Golon. Un challenge pour moi qui ai grandi avec les films avec Michèle Mercier!

Angélique-Affiche-Ariel-ZeitounIl y a quelques semaines, je piapiate sur Twitter, et je ne sais plus comment, on en est venu à discuter d’Angélique (marquise des anges). Et moi de revendiquer “de toute façon la seule Angélique c’est Michèle Mercier”. Alors quand les Victoires de la Beauté m’ont proposé d’assister à une avant première du remake d’Angélique, je me suis dit “ils cherchent la misère ou bien?”. Mais comme je suis têtue mais pas obtuse, et qu’une projection privée avec maxi 40 personnes ça ne se refuse pas, j’ai dit oui.

Rendez vous donc un vendredi soir au Club Marboeuf à Paris avec une petite quarantaine d’autres blogueuses d’horizon divers, et la team des Victoires de la Beauté, qui a tout de suite essayé de nous acheter à grand renfort de sucre (bonbons et pop corn). J’ai essayé de voir ce film en me dégageant de l’influence des films précédents, et je dois dire que c’est pas si mal, on se laisse facilement emporter. Les acteurs sont crédibles, que ce soit Nora Arnezeder, Gérard Lanvin (il est plus âgé que Peyrac normalement, mais justement cela met bien en évidence le fossé au départ entre Angélique et Peyrac. A cette époque un homme de 40 ans est vieillard) ou Simon Abkarian, très bon Desgrez (et pourtant Rochefort à a marqué le rôle!). L’image est très travaillée, avec parfois un grain particulier (une image presque “sale”) donné par l’éclairage aux torches (ce qui avec les perruques-un peu visibles d’ailleurs-a failli causer quelques accidents). Je regrette cependant un cadrage parfois trop dynamique (= bouge dans tous les sens). C’est sûr que ça change des plans fixes (mais un peu trop à mon goût du coup)!

Angélique marquise des anges Ariel Zeitoun La musique est très réussie, avec un hommage d’une minute, au tournant du film, à la musique des premiers films, ce qui forcément fait frissonner les fans de la première heure ^^.

Après la projection nous avons pu discuter (chez Kusmi Tea) avec Ariel Zeitoun, qui était très disponible et apparemment un peu impressionné de se retrouver au milieu de 40 nanas! En revanche, il y a une chose qui m’a franchement chiffonnée, c’est d’entendre Ariel Zeitoun dire que dans les versions avec Michèle Mercier, Angélique était présentée comme une pute (il dit que comme Anne Golon le dit il peut le dire).

Minion whatLà j’ai bien rongé mon frein parce que je n’ai pas voulu entrer dans le débat à ce moment là, mais j’en suis restée sur le cul. J’ai grandi avec Angélique, et elle a toujours représenté pour moi l’archétype de la nana qui en a, qui risque sa vie et sa vertu pour sa famille, et surtout qui ne se donne qu’à qui elle le choisit. Parfois par nécessité, pour survivre (comme avec Nicolas/Calembredaine), parfois pour ne pas être seule (le poète crotté), parfois pour donner une famille à ses enfants (son cousin de Plessis Bellière). Et cela quand elle pensait Peyrac mort, elle lui est au final toujours restée fidèle, en tout cas de coeur. Mais elle n’a jamais cédé aux hommes qui voulaient la prendre contre son gré, malgré les avantages que ça aurait pu lui apporter (Louis XIV, le sultan). D’ailleurs à un moment où elle veut se suicider, Desgrez (inoubliable Jean Rochefort) fait mine de la violer, ce qui suffit à lui redonner envie envie de se battre (elle le gifle). Donc oui Angélique couche, mais avec qui elle le choisit. Cela fait donc d’elle une pute? Pas d’accord!

Me demandant si c’était parce que je suis une femme que mon regard était biaisé, j’ai demandé à mon père, qui connait très bien les films et a lu les bouquins, et il était aussi estomaqué que moi qu’on traite l’Angélique de Michèle Mercier de pute… Il l’était encore plus que moi… (avant de se lancer dans une explication de texte de comment non Angélique-c’est-pas-une-pute, oui un prof de français à la retraite reste un prof de français…).

Donc oui à une nouvelle mouture d’Angélique, mais si on pouvait éviter de trainer dans la boue les films précédents, qui sont quand même un pan de la culture de plusieurs générations, ça me ferait bien plaisir merci bien.

Merci à la team des Victoires de la Beauté et à Poulette pour cette soirée 😉

5 thoughts on “Angélique, ni pute ni soumise

  1. Et bien… si Angélique est une pute parce qu’elle a le malheur d’avoir plusieurs partenaires dans sa vie, je pense qu’il va y avoir de la grosse remise en question chez certaines nanas.
    Par contre, dans les bouquins, je me souviens qu’elle cède un peu plus (Desgrez, le Roi, elle n’y coupe pas), ça n’en fait pas à mes yeux une pute pour autant.
    Sérieusement des fois je me demande, on fait de Zahia une star, et une Angélique vintage qui ne montre même pas un seul bout de téton dans les films, c’est une pute ?
    Charmant -_-

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  2. Clairement, Angélique pour moi, ca reste Mercier et Hossein forever!
    Rien que le fait de te voir CITER la musique d´origine m´a fait frissonner!
    Donc le remake, ca sera sans moi. 🙂
    J´ai eu aussi bcp de mal à lire et voir la “suite” de Autant en emporte le vent, “Scarlett”, pour moi, une nullité sans nom…
    SInon bien d´accord avec toi et ton papounet!

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  3. Bon, moi je n’ai jamais été fan d’Angélique…même petite je trouvais ça niais et assez pénible…
    Mais je trouvais Michèle Mercier remarquablement belle et ses “robes de princesse” me plaisaient beaucoup !
    Bref, tout ça pour dire que je trouve la nouvelle Angélique bien moins jolie que l’ancienne, que j’ai beaucoup ton analyse de la remarque du réalisateur (au pire on pourrait dire que cette brave Angélique a la cuisse légère, ce qui n’est pas être une “pute” !!!! ), je pense que aussi que débiner la série de films, à succès, dont on fait le remake n’est pas très élégant.

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  4. Disons que, dans les “premiers” films, ils appuient beaucoup plus sur le côté romance/séduction que dans les bouquins (que je préfère aux films avec Mercier). L’Angélique originelle est très intelligente et c’est une qualité sur laquelle le roman appuie vraiment et souvent (en même temps, le narrateur peut faire de longs développements sur ses réflexions et sa psychologie ce qui n’est pas très cinématographique) tandis que les films appuient beaucoup plus sur une séduction dont elle joue beaucoup (face à Bachtiari Bay, par exemple). Je pense que c’est cette trahison qu’Anne Golon ne pardonne pas (en même temps, elle juge que son oeuvre a été trahit, je serais très très énervée à sa place).

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