Les anti-oxydants, super-héros des cosmétiques

En cosmétique on commence à beaucoup parler des anti-oxydants. Mais que sont donc ces molécules, et à quoi servent-elles?

Henry Cavill man of steel

Cela fait un long moment que je veux vous parler des anti-oxydants en cosmétique. Parce que je pense que, considérant la pollution et notre environnement actuel, qu’ils sont les vrais acteurs de l’anti-âge et de la protection de la peau (même si l’hydratation reste la base de tout hein). Que ce soit dans notre alimentation ou en cosmétiques, ces molécules sont de vrais super-héros!

Que sont les anti-oxydants?

D’abord, cékoidonc un anti-oxydant? Pour définir un anti-oxydant, il faut en fait déjà définir son antagoniste, qui est donc… un oxydant, ou plus exactement, un radical libre pour le domaine qui nous intéresse.

Les radicaux libres sont des molécules qui, pour se stabiliser, doivent à tout pris refourguer (ou piquer, mais on va rester sur la première option pour simplifier) un électron à une molécule voisine, car ils ont un électron célibataire. Le but dans la vie de toute molécule, c’est d’atteindre un état stable (= des électrons appariés, et pas célibataires), parce que c’est ce qui consomme le moins d’énergie. Donc, les radicaux libres, qui n’ont pas un mauvais fond hein, se baladent dans les tissus en essayant de refourguer un électron par ci par là. Or, si vous suivez bien, si les radicaux libres refilent un électron à une molécule, disons de collagène, cette dernière est elle-même déstabilisée puisqu’elle a un électron célibataire, et cela peut la mener à perdre sa fonction ou à modifier sa structure. Les radicaux libres les plus connus et communs sont les dérivés réactifs de l’oxygène (ROS, pour reactive oxygen species), mais il existe aussi les dérivés réactifs de l’azote et du carbone, plus rares. Ces molécules sont à la base normales et constitutives de nos tissus ou de notre environnement, mais elles ont été transformées en dérivés réactifs (= des oxydants) par divers facteurs : le soleil, la pollution (gazs ou particules), des radiations, les variations de température, etc. Mais ce sont aussi des sous-produits normaux du métabolisme de l’oxygène dans notre organisme. Car la vie elle-même est pro-oxydative!

Quels mécanismes de défense pour la peau?

Comme les radicaux libres existent dans l’organisme de façon normale, il existe également des mécanismes de défense pour limiter leur impact sur les tissus et les cellules. Quand ces mécanismes naturels sont dépassés et deviennent insuffisants on bascule dans le stress oxydatif (ou stress oxydant). 90% du stress environnemental pour la peau est dû au stress oxydatif. Par exemple, une exposition d’une heure au soleil diminue de 50% les défenses anti-radicalaires de la peau! La consommation d’alcool ou le tabac diminuent également les défenses anti-radicalaires cutanées. Donc si vous cumulez tabac, alcool et exposition au soleil… à vos anti-oxydants!

Man of steel anti-oxydants

Le but des mécanismes de lutte contre les oxydants c’est de casser la chaîne de réaction de trafic d’électron. Il existe divers systèmes : enzymes ou molécules, endogènes (produits par l’organisme) ou exogènes (apport extérieur). Je ne les aborderais pas tous ici, parce que c’est un vaste sujet! L’apport exogène peut avoir une source alimentaire, ou cosmétique (ou plutôt topique = par application sur la peau). Par voie orale, les anti-oxydants doivent être métabolisés avec du gras, mais du bon gras! Cela leur permet de passer dans les lipides de la peau et dans le sébum. Comme les graisses cachées dans des aliments non raffinés, comme l’avocat (il contient de la vitamine E et de bons acides gras, et il est utilisable aussi en masque!), les amandes ou les poissons gras. Donc si vous mangez une salade de tomates, ajoutez-y un peu d’avocat ou une huile noble. Ces acides gras vont également être bénéfiques pour la peau, car ils renforcent les membranes cellulaires.

Les vitamines A et E sont présentes naturellement dans la peau des mammifères. La vitamine E a la capacité de capter (ou de stabiliser) l’électron célibataire des radicaux libres. Comme elle aime le gras (elle est liposoluble), elle s’intègre aux membranes des cellules et les protège de la peroxydation lipidique, qui les rigidifie, les rend non fonctionnelles et déclenche une cascade inflammatoire. Le mécanisme anti-oxydant de la vitamine A n’est pas encore bien connu, mais elle semble avoir une action de stabilisation des radicaux libres. Ces deux vitamines ont également la capacité d’absorber le rayonnement UV dans la longueur d’onde la plus délétère pour les cellules. Les UV ayant une activité pro-oxydante, elles ont donc en plus une action anti-oxydante indirecte en amont. Ces deux vitamines sont intéressantes en cosmétique car il a été prouvé qu’une application topique “recharge” la peau pour ces deux molécules.

La vitamine C réagit en synergie avec la vitamine E permettant ainsi sa régénération (il y a recyclage de la vitamine E donc). In vitro, les vitamines E et C augmentent l’activité de la gluthathion peroxidase, de la superoxyde dismutase et de la glutathion réductase (les enzymes impliquées dans la lutte contre les radicaux libres), et elles diminuent la peroxydation lipidique. La vitamine C est également impliquée dans le recyclage d’autres molécules et enzymes anti-oxydantes. Elle est souvent utilisée en cosmétique comme conservateur anti-oxydant.

Et en cosmétique ?

Les molécules anti-oxydantes sont par nature instables puisque leur job est d’en stabiliser d’autres. C’est donc un challenge pour les marques de les stabiliser dans le contenant et sur la durée, mais aussi sur la peau (leur durée de vie sur la peau est courte). Plus que pour d’autres cosmétiques, les soins contenant des anti-oxydants doivent être conservés dans de bonnes conditions (à l’abri de la chaleur, des variations de température, de l’humidité, etc.), et la date limite d’utilisation respectée. Attention, cela ne veut pas dire qu’après cette date votre soin va vous coller des boutons ou vous exploser au visage, mais l’activité anti-oxydante ne pourra plus être garantie. Avant ouverture, l’activité anti-oxydante est garantie par la marque. Par exemple chez Institut Esthederm les produits sont formulés pour que le cocktail anti-oxydant soit stable pour que vous puissiez garder le produit (non ouvert) pendant au moins 1 an. Étant donné l’instabilité des anti-oxydants une fois le produit ouvert, et leur durée de vie courte sur la peau, un soin qui en contient devrait être utilisé tous les jours (voire 2 fois par jour).

Comme expliqué précédemment, certaines molécules aident à en recycler d’autres et/ou à les stabiliser (c’est donc également intéressant pour la durée de vie du produit en pot). Un anti-oxydant seul n’est donc pas très intéressant, en pratique il est plus pertinent d’utiliser un cocktail d’anti-oxydants qui agissent en synergie. Par exemple chez Institut Esthederm le brevet Time control system, qui contient un cocktail d’anti-oxydants, est présent dans tous les produits afin d’avoir un recyclage en continu (rappelez vous, la durée de vie courte sur la peau…). Un cocktail permet aussi d’agir sur les différents dérivés réactifs (oxygène, azote, carbone), car la peau est très bonne pour se défendre contre les dérivés réactifs de l’oxygène, mais moins contre les autres et l’inflammation qui en découle.

En cosmétique, beaucoup de soins se réclament anti-oxydants avec des actifs parfois exotiques. Mais pour avoir une activité garantie, il faut voir les actifs qui ont traversé l’épreuve du temps, et qui restent les plus utilisés malgré toutes les nouveautés :

  • la vitamine E, la référence. Plusieurs études in vivo (= sur le vivant) montrent son intérêt et son activité dans une utilisation topique (donc en cosmétique). En revanche, elle est souvent challengée et présentée comme molécule de référence in vitro, là où elle est assez mauvaise, en raison de son caractère liposoluble (elle aime le gras). Elle est donc forcément moins bonne en test in vitro que l’autre molécule qu’on lui oppose, alors que c’est souvent l’inverse in vivo. Tout ça pour dire de faire attention aux allégations marketing ;). Elle est également stable (plus que la vitamine C).
  • le resvératrol, moins stable. Il est cependant intéressant car il a une double activité anti-oxydante ; il neutralise les radicaux libres, et augmente la capacité anti-oxydante intrinsèque de la peau;
  • le niacinamide (vitmaine B3), très utilisé aux USA. Il protège des lésions dues aux espèces réactives de l’oxygène, en particulier l’oxydation des protéines et la peroxydation des lipides (donc des membranes cellulaires).

Il est également préférable, si on ne l’utilise qu’une fois par jour, d’utiliser son soin avec anti-oxydant la nuit, pendant la phase de régénération de la peau. Et cela après un démaquillage soigneux, dès le retour à la maison, surtout si on est en zone polluée/urbaine. Évidemment l’idéal c’est une utilisation 2 fois par jour de différents anti-oxydants!

Bon comme cela fait déjà pas mal d’infos à assimiler, je vous donne rendez- vous dans un prochain billet pour vous parler des produits anti-oxydants que j’apprécie. Mais si vous avez des questions n’hésitez surtout pas à les poser!

Merci à Isabelle Benoît, directrice scientifique Institut Esthederm, pour le temps qu’elle m’a consacré sur ce sujet passionnant!

5 thoughts on “Les anti-oxydants, super-héros des cosmétiques

  1. Eh bien, bravo, je salue ton art de l’explication, et le boulot fourni, chapeau bas ! j’y vois beaucoup plus clair dans les anti-oxydants, dans leur mode d’application et dans leur efficacité. Je vais enfin m’y retrouver un peu plus dans la jungle cosmétique. Merci, Marie.

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