PARFUM THE DIFFERENT COMPANY – Découvrez le dernier parfum de The Different Company, I miss Violet, qui marie cuir, violette et osmanthus.
La note cuir, si elle est peu fréquente actuellement en parfumerie mainstream, est au final souvent rencontrée en parfumerie de niche. Mais faire un parfum cuiré qui raconte quelque chose, ça c’est une autre histoire. The Different Company a choisi un cuir floral, axé sur la dualité cuir et violette, I miss Violet. Quand la marque m’a dit qu’elle allait bientôt sortir un parfum basé sur l’accord cuir-violette j’étais comme ça : J’adore l’accord cuir, vous commencez à le savoir, et plus ça va plus j’aime la violette, donc je ne pouvais que me réjouir de ce lancement. Et après on m’a précisé “c’est un cuir végétal” et là j’ai fait :
Tout simplement parce que dans les parfums qui présentent un accord cuir vert, comme Irish leather de Memo ou Cuir pleine fleur d’Heeley, on utilise pour donner cette effet une molécule que je tolère très mal, l’isobutylquinoléine (de son petit nom IBQ). En petite dose ça va, mais si cette facette verte est trop poussé cette note m’écoeure (par exemple je me suis rendue compte que je ne peux porter Cuir pleine fleur, que pourtant j’aime beaucoup, que quand il fait chaud à cause de ça).
Cette appréhension a été vite levée quand j’ai pu découvrir la fragrance, ainsi que ses matières premières essentielles, en la présence de Luc Gabriel, PDG de The Different Company. Car I miss Violet est bien un cuir végétal, mais pas un cuir vert. Végétal dans le sens où Bertrand Duchaufour a choisi d’utiliser des matières végétales possédant naturellement une facette cuirée : osmanthus, violette (feuille en tête, fleur en cœur), iris (évidemment), cassie, mimosa… Assemblées autour de la base cuir déjà utilisée pour Traversée du Bosphore, ces matières donnent de la lumière et beaucoup de dynamisme à I miss Violet.
J’ai découvert l’osmanthus à cette occasion, et c’est une matière première fascinante. Plutôt travaillée en gommant ses facettes animales habituellement (elle donne une note abricot, thé à la pêche), elle peut ici donner toute sa mesure et participe grandement à l’incarnation de la fragrance. Avec la cassie (qui n’est pas dans la pyramide officielle mais qui est bien présente dans le parfum), l’osmanthus apporte des notes animales, de peau musquée et sensuelle, qui rappellent que oui, c’est bien un cuir à qui on a affaire. Cette sensation de peau est renforcée par la présence d’ambre gris, qui donne une très légère touche saline de peau chauffée au soleil.
La volonté était de moderniser la violette, et c’est réussi car cette violette ne s’alanguit pas dans un nuage de poudre rétro, mais enfile son blouson de cuir de créateur avant de faire le mur. Sur moi elle se dévergonde dès les premières minutes avec un verre d’alcool, un kir royal à la violette sans doute! Ma peau n’exprime pas les notes vertes revendiquées en tête, mais vraiment une pétillance alcoolisée (accord champagne et l’ambrette qui, en tant que musc végétal, fait un premier lien avec la peau). Et cette violette là joue au chat et à la souris… présente en tête, elle s’efface devant l’osmanthus, la cassie et l’iris, puis revient au détour d’un mouvement, se détourne et s’en revient… Elle semble se dérober mais ne se laisse pas oublier.
Le cœur persiste un bon moment, et je n’arrive sur ma peau aux notes de fond, que vraiment en fin de journée. Le fond est plus sec, boisé (accord acajou) et se pose sur la peau en l’épousant grâce aux muscs et à la vanille, avec une pointe d’abricot de l’osmanthus qui s’attarde. I miss Violet n’est pas un parfum au sillage atomique, mais un parfum de peau qui invite à la caresse.
Ce qui est beau dans I miss Violet, c’est que c’est finalement un parfum très humain. Pas seulement par ses facettes cuirées qui évoquent un daim souple, mais surtout car il n’est pas le même d’un jour à l’autre. Contrairement à certains parfums qui, même s’ils sont très beau, sont assez “rigides” voire imposent un archétype à la personne qui les porte, I miss Violet louvoie, se dévoile puis s’échappe, dévoile une épaule puis la recouvre pudiquement. Pour écrire cette review j’ai donc été obligée de porter I miss Violet plusieurs jours de suite (mais il y a pire comme obligation hein ^^) afin d’en saisir les nuances. Pour tout dire, entre mon poignet et mon décolleté, il ne s’exprime pas de la même manière!
Au final j’aime beaucoup cette proposition de The Different Company autour du duo cuir / violette, et je regarde avec angoisse mon petit flacon de 10 ml diminuer de jour en jour… La seule chose qui me chiffonne un peu, c’est l’incarnation, pour la première fois pour la marque, par un visage de ce parfum. Pour cela, je suis d’accord avec Denyse Beaulieu …
Je vous reparlerai plus en détails de The Different Company car c’est une maison qui mérite qu’on s’y attarde. Même si on n’aime pas tous leurs parfums il faut leur reconnaître leur engagement dans la reconnaissance d’une parfumerie de qualité, et leur amour des belles matières et des constructions audacieuses. Tout cela en restant très humble et accessible : vous connaissez beaucoup de PDG d’une maison de parfums qui font eux mêmes des cannelés pour l’event presse/blog pour leur dernier parfum? (mais quand je me suis décidée à y goûter il n’y en avait plus!)
Année : 2015
Nez : Bertrand Duchaufour
I miss Violet, 50 ml, 175 €
Bon c’est quand même un bon gros iris, surtout, à mon nez… Ca poudre tellement que je sens pas le cuir (bon, testé que sur mouillette, j’avoue)
Sur toi il s’alcoolise ? C’est fou ça !
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Poupoune Reply:
mai 20th, 2015 at 23h04
Au début oui, mais après sur moi l osmanthus exprime beaucoup ses facettes animales, renforcées par la cassie et l ambre gris. C est vraiment ma peau, j ai teste l absolu d osmanthus sur peau et ça sent la biquette!
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Merci Poupoune pour ce très beau billet. J’ai testé deux parfums de TDC, et ce fut chaque fois un désastre sur ma peau. I Miss Violet pourrait me plaire.
Pour ce qui est de l’égérie, c’est un peu dommage que la parfumerie de niche y vienne. Toutefois, cette publicité est fort jolie et harmonieuse.
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oh my god, je suis impresionnée par ta description des odeurs. Rien de plus difficile que de décrire un parfum. J’avais il y a quelque temps pris un flacon de cette marque (Bergamote ?) et une cologne (me souviens plus du nom), et ça m’avait beaucoup plus. J’ai du mal à changer de parfum, je suis très fidèle à l’Eau de Diptyque. Pour ma part je n’aime pas du tout la violette, mais je pense que j’ai senti de “mauvaises” violettes. A redécouvrir. Merci pour ce billet, le parfum est un univers fascinant.
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