Pour la peau, l’hiver c’est l’enfer (et je vous explique pourquoi)

Plongez au cœur de la peau pour découvrir pourquoi l’hiver est si rude pour nos épidermes… Avec quelques conseils pour passer une bonne saison froide!

Je vais enfoncer une porte ouverte : l’hiver, notre peau souffre. Elle rougit, pèle, gratte, bref cette saison n’est pas une sinécure pour nos épidermes. Si il semble facile de deviner que le froid, la sécheresse de l’air et les variations de température sont responsables, on ne savait pas encore comment ces facteurs impactaient la structure même de la peau. Une récente étude publiée par des scientifiques danois (il fait frisquet chez eux, le sujet les intéresse) a permis de comprendre le mécanisme menant à ces manifestations hivernales. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel de la structure de la peau est nécessaire.

Au cœur de la peau

Pour bien expliquer l’anatomie de la peau, je vais utiliser la métaphore d’un lit. La peau est en effet constituée de plusieurs couches, différentes dans leur structure, dans leur fonction et dans leur origine embryologique:

  • l’hypoderme : constitué principalement de tissu adipeux (de gras quoi), c’est le tissu de soutien sur lequel repose le reste de la peau, comme un sommier;
  • le derme : c’est le matelas de la peau, qui lui donne son épaisseur, son rebondi et sa fermeté. Il est composé principalement de fibroblastes, des cellules en forme d’étoile étirée qui sécrètent des molécules indispensables pour l’épaisseur, la résistance et l’élasticité du derme, comme le collagène, l’élastine, l’acide hyaluronique, etc.
  • l’épiderme : c’est la couverture, qui recouvre et protège les structures en dessous. C’est lui qui nous intéresse ici.

L’épiderme est en effet composé lui même de plusieurs couches de kératinocytes, chaque couche correspondant à un stade d’évolution différent de ceux-ci. La couche basale est composée des kératinocytes les plus “jeunes”, et la couche cornée des kératinocytes les plus âgés et les plus différenciés : on les appelle des cornéocytes, et ce sont eux qui desquament (vous savez les fameuses cellules mortes!).

 

Source : http://www.cosmeticofficine.com

Les cornéocytes sont modifiés afin de former une couche étanche entre le milieu extérieur et le reste de la peau, et ainsi protéger l’organisme des agressions extérieures. La couche cornée participe en effet à la fonction barrière de la peau. Leur structure interne est ainsi adaptée à ce but, ils sont attachés les uns aux autres par des sortes de boutons pression et ils sont également entourés de lipides (du gras quoi) qui forment le ciment intercornéocytaire. Dans les cornéocytes se trouve un complexe de molécules particulièrement important pour le bon état de la couche cornée : le NMF, ou natural moisturizing factor. Il est composé de molécules qui attirent l’eau dans les cornéocytes, assurant ainsi la bonne hydratation de la couche cornée (l’hydratation des couches supérieurs de l’épiderme ça vous rappelle quelque chose?) et son bon fonctionnement. S’il y a moins de NMF, la couche cornée se dessèche, et la fonction barrière de la peau est compromise.

Le NMF n’aime pas l’hiver

Mais revenons à notre peau qui soufre en hiver et à nos chercheurs danois. Les dits chercheurs ont étudié le taux de NMF dans l’épiderme des volontaires, et ils se sont rendus compte, outre des différences dans ce taux selon le sexe, l’âge et la zone du corps, que le taux de NMF est plus bas en hiver. Cela paraît un peu évident comme ça, mais ce qui est intéressant, c’est qu’ils ont pu faire le lien avec une dégradation de la filaggrine, une protéine indispensable à la bonne différenciation (= évolution) des kératinocytes. En outre, dans la couche cornée la filaggrine est dégradée en petites briques (acides aminés) qui entrent dans la composition du NMF.

Selon cette étude, lorsque la température est basse, ainsi que le taux d’humidité, la filaggrine n’est pas dégradée normalement, et le taux de NMF diminue. Normalement, quand le taux de NMF diminue, la production de filaggrine augmente pour, par ricochet, augmenter celle de NMF et remonter son taux. Mais en hiver, la filaggrine produite n’alimente pas le NMF, dont le taux ne remonte pas. La peau se dessèche (moins de NMF = moins d’eau retenue dans l’épiderme), et sa fonction barrière se dégrade. Ceci permet le passage de molécules irritantes, voire d’allergènes. Dans la vraie vie, cela se traduit par une peau qui pèle, qui tire, qui rougit, qui démange. Les joues et le dos des mains sont plus particulièrement touchés, à la fois parce que ce sont des zones plus exposées, mais aussi en raison de particularités de la structure de l’épiderme à ces endroits.

Un autre mécanisme explique plus particulièrement un autre désagrément de l’hiver : des zones du corps, souvent les jambes et les bras, qui démangent à s’en gratter à sang. Si un déficit de NMF est probablement également impliqué, ces démangeaisons intenses ont en fait une origine immunitaire : c’est un urticaire au froid. Attention, urticaire ne veut pas dire allergie (l’urticaire n’est d’origine allergique que dans environ 15% des cas). Le mécanisme de base de l’urticaire, c’est le relargage par des cellules immunitaires (les mastocytes) d’une molécule, l’histamine. C’est elle qui provoque des boutons ou des plaques qui démangent. De nombreux facteurs peuvent déclencher un urticaire : le froid, donc, l’activité physique, le stress, un allergène, ou même… la contrariété (oui oui ça m’est arrivé ça surprend!).

Ces mécanismes sont intéressants car il s’avère que l’on retrouve les mêmes altérations chez les personnes atteintes de dermatite atopique ou de mutation du gène codant pour la filaggrine. Ce qu’il faut retenir : lorsqu’il fait froid et sec en hiver, notre peau se comporte comme une peau plus fragile, presque comme une peau atopique. Il est donc important d’en prendre soin, plus que le reste de l’année.

paysage-hiver-neige

Comment prendre soin de sa peau en hiver?

Bon parce que c’est bien sympa la filaggritruc et le NMFmachin, mais on fait quoi alors pour soulager sa peau en hiver? Rien de bien nouveau sous le soleil : comme la peau manque de ses propres facteurs d’hydratation, il faut lui apporter en appliquant des crèmes adéquates. C’est le moment de dégainer un sérum farci d’acide hyaluronique! De même, certains ingrédients cosmétiques sont particulièrement intéressants dans ce cas, comme les huiles minérales (paraffine & co). Ces ingrédients sont parfaitement tolérés par la peau même en crise, très sûrs d’utilisation, et permettent de limiter la perte en eau de l’épiderme en formant un film semi-occlusif à la surface de la peau. Attention je ne parle pas d’un film plastique sur la peau hein… Aucun ingrédient cosmétique n’étouffe la peau comme parfois on peut le lire… Comme l’épiderme manque d’eau, en plus de lui en apporter, il faut l’aider à la conserver. C’est également possible en utilisant des crèmes plus riches ou même des huiles, qui vont sceller l’hydratation apportée.

Mais finalement le geste le plus important en hiver, c’est d’être très doux au moment du nettoyage. C’est vraiment le moment de l’année où il faut épargner le film hydrolipidique au maximum. Avec des mesures très simples :

  • pas plus d’une douche par jour. Ou alors si vous avez besoin d’une douche après le sport par exemple, juste rincer à l’eau. Non, pas besoin de savon pour rincer la transpiration… la transpiration fraîche ne sent quasiment rien, c’est sa dégradation par des bactéries qui donne son odeur désagréable ;
  • ne pas savonner tout le corps tous les jours. Par exemple, la peau des jambes possèdent très peu de glandes sébacées et se dessèche très vite (c’est pour ça que c’est souvent une zone qui soufre en hiver). Et nos jambes ne se salissent pas vraiment. Donc on savonne les zones “sensibles” : pieds, région génitale, aisselles tous les jours et on fout la paix au reste au maximum (savonnage 1 à 2 fois/semaine. Et non ça n’est pas sale… votre peau vous remerciera!).
  • privilégier des formules lavantes douces ET riches. Donc on choisit des bases lavantes douces comme des glucosides, et des formules enrichies en actifs hydratants (comme la glycérine) ou relipidants. C’est le moment idéal pour essayer les nombreuses huiles de douche qui sont maintenant sur le marché. En hiver je n’utilise quasi que ça (bon j’adore ça en plus).

Concernant l’urticaire au froid, en cas de crise intense il faut se tourner vers un médecin. Car, si les conseils ci-dessus sont toujours valables, il sera nécessaire de prescrire des anti-histaminiques, voire une crème à la cortisone pour calmer la peau en crise. Attention à bien suivre les consignes de votre médecin avec la crème à la cortisone, pour éviter un effet rebond à l’arrêt. Et toujours de la douceur.

Voila, j’espère que ce billet vous a permis de mieux comprendre pourquoi votre peau est si chafouine en hiver! Et surtout retenez bien : de la douceur (bordel!). Je vous retrouve bientôt pour un billet dans le thème, avec mes produits favoris pour passer un bon hiver, enfin pour ma peau!

5 thoughts on “Pour la peau, l’hiver c’est l’enfer (et je vous explique pourquoi)

  1. Merci pour tous ces conseils, on fait parfois des erreurs.

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    Poupoune Reply:

    Il est vrai qu’il est difficile d’avoir des sources fiables sur certains sujets…

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  2. Merci pour tous ces super conseils et cet article formidablement bien recherché. 🙂
    Je penserai à toi demain sous la douche en ne me frottant que les parties “sensibles! 😉

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    Poupoune Reply:

    Merci chamcham j’en reparlerai du nettoyage car c’est un sujet d’actualité

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  3. Hello !
    L’article est parfaitement construit, cela permet d’en savoir plus sur notre peau en hiver. D’ailleurs, on peux largement faire le constat que notre peau est beaucoup plus sèche, et qu’il faut encore plus hydrater à cette période ! Merci pour tous ces bons conseils ! =)
    Belle soirée, à très vite,
    Marie.

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